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Encore quelques oiseaux

Pourtant la lumière, ce matin, et un ciel profond seulement agrémenté d’un tulle esthétique de nuages. Encore quelques oiseaux, à l’oreille, mais aussi à la vue par quelques sombres traits nerveux dans le bleu. Un seul avion. Calme donc. Fenêtre ouverte sur la vallée, recevant trois visites consécutives d’hyménoptères géants. Un seul « invasif », mais les trois calmes, visitant la pièce, partageant, les trois, la fascination pour les contrastes colorés pris pour des fleurs, sans doute, et l’un même, tentant de butiner tous les logos triangles d’un grand tube de papier Clairefontaine. Les trois négligeant les plantes pour s’acharner sur un trait de Posca bleu, sur la grande armoire de Céline, ou sur les contrastes d’un papier cadeau brillant. Pas une mouche. Pas une abeille. Juste ces trois monstres volants, grands comme la largeur d’une main, mutants, lourds et cons. Encore quelques oiseaux.

À chaque fois que je marche dans l’herbe, je me souviens des nuées vivantes, grouillantes, nuages de créatures qui s’élevaient à chacun de mes minuscules pas, enfant. C’était dans n’importe quel terrain derrière chez mes parents, avant la construction des pavillons, et moi j’avais une épuisette, malheureux et dérisoire complice. Le seul risque, aujourd’hui, c’est de marcher dans une crotte de chien ou d’humain, comme l’autre jour. Sur la traversée d’un champ, les insectes, on les compte avec les doigts d’une main.

Pourtant le ciel, la lumière. Illusion de permanence.

Hier, dans les toilettes d’un glacier, en bord de mer, dix moustiques déjà gorgés de sang me tournaient autour. Rien d’autre. Même pas une mouche.

Il ne restera bientôt que ça, quelques humains, des moustiques, des rats, des blattes. Nous et nos commensaux.